Risques chimiques en laboratoire d’anatomie et cytologie pathologiques
L’anatomie et la cytologie pathologiques étudient la composition microscopique des cellules et des organes afin d’aider au diagnostic d’une pathologie.
Les laboratoires d’anatomie et cytologie pathologiques (ACP) reçoivent et analysent des organes ou fragments d’organes, des prélèvements liquides, des frottis ou encore des écouvillons, prélevés au cours d’une intervention chirurgicale (anatomie pathologique) ou sur des échantillons prélevés sur ou à l’intérieur du corps (cytologie pathologique).
Ces laboratoires jouent donc un rôle important dans le dépistage et le traitement des maladies dont les diagnostics des tumeurs bénignes et malignes.
Contexte réglementaire
L’activité professionnelle au sein d’un laboratoire d’ACP est encadrée par différentes réglementations :
- Le Code du Travail énonce à l’employeur ses obligations envers ses employés. Il doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs entre autres par des actions d’information et de formation. Ces actions répondent à deux principaux objectifs : donner aux salariés une représentation des risques associés à leur poste de travail et leur donner les moyens de maîtriser leur environnement en les formant, entre autres, à la mise en œuvre des équipements de protection collective et individuelle.
- Le Code de la Santé Publique et le Code de l’Environnement rappellent la nécessité de protéger la santé de l’ensemble de la population et de ne pas porter atteinte à l’environnement.
Le fondement de la gestion du risque chimique repose essentiellement sur deux textes :
- le décret 2001-97 du 20 février 2001 établissant les règles particulières de prévention des risques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (complétés par des décrets successifs) ;
- le décret 2003-1254 du 23 décembre 2003 relatif à la prévention du risque chimique.
Risques chimiques associés aux activités dans les laboratoires ACP
Il y a de nombreuses étapes entre la réception des échantillons à analyser et le diagnostic multipliant ainsi les expositions potentielles aux agents chimiques dangereux manipulés : la préparation du fixateur et le remplissage des récipients destinés à recevoir les prélèvements, la fixation des prélèvements frais, l’analyse macroscopique, la décalcification, l’inclusion des échantillons, la coupe des blocs, la coloration, l’immunomarquage, le montage et la lecture des lames, le stockage des blocs de paraffine et des lames montées, le stockage des pièces fixées, l’élimination des pièces fixées, le stockage des produits chimiques…
Des agents chimiques dangereux sont manipulés à chaque étape :
- des fixateurs (exemple : formol neutre, ExCell PlusTM)
- des acides (exemple : acide nitrique, formique)
- des solvants (exemple : formaldéhyde, éthanol, méthanol, xylène)
- des colorants (exemple : bleu de toluidine, HES, MGG)
- des produits d’inclusion (exemple : paraffine)
- l’azote liquide
Cette liste est non exhaustive ; d’autres agents chimiques peuvent être manipulés selon les laboratoires.
Bien que les manipulations soient de plus en plus automatisées, la présence d’agents chimiques dangereux dans un laboratoire ACP expose potentiellement les manipulateurs à quatre risques principaux :
1- Le risque de brûlure chimique
La manipulation d’agents chimiques dangereux peut conduire à la projection de produits sur la peau, les yeux, les muqueuses ou indirectement sur les vêtements.
Sans équipement de protection individuelle adapté et selon la dangerosité des produits manipulés, la brûlure chimique peut avoir des conséquences graves : corrosion des tissus avec difficultés de cicatrisation, infection suite à la pénétration de microorganismes dans les tissus sous jacents du fait de l’altération de l’épiderme, dommages à la cornée pouvant aller jusqu’à la cécité, intoxication suite à la pénétration de substances toxiques et/ou de CMR dans l’organisme via la zone brûlée.
2- Le risque d’intoxication
Le risque d’intoxication provient de l’interaction entre un agent chimique et une fonction physiologique ou un organe.
Les conséquences d’une intoxication sont variables et peuvent aboutir à de sérieuses pathologies; l’exemple du formol dont l’exposition peut aboutir à un bronchospasme sévère, un œdème aigu du poumon, des ulcérations trachéales et bronchiques, céphalées, troubles de mémoire voire même un cancer des fosses nasales.
Le risque d’intoxication est complexe car il fait intervenir de nombreux facteurs : la nature des activités professionnelles, les propriétés physiques des produits manipulés (solide, liquide, gazeux), la toxicité des produits (corrosifs, irritants, CMR…), les comportements d’hygiène au travail, les équipements de protection, les voies de pénétration dans l’organisme (voie respiratoire, voie cutanée, voie digestive, voie orale) et la sensibilité individuelle.
3- Les risques d’incendie et d’explosion
Compte-tenu des volumes importants de produits combustibles manipulés ou stockés (solvants, paraffine…) et des nombreuses sources d’inflammation (points chauds, étincelles, d’électricité statique…), le risque d’incendie est particulièrement à surveiller.
4- Les risques liés à l’utilisation d’azote liquide
De par ses propriétés physiques, il y a deux risques principaux liés à la manipulation de l’azote liquide : les brûlures thermiques, l’azote liquide ayant une température avoisinant -196 °C ; et l’asphyxie car l’évaporation de l’azote liquide engendre localement une atmosphère à teneur réduite en oxygène. L’azote liquide est incolore et inodore, c’est un danger non détectable par l’humain.
La formation dans la démarche de prévention
Le point décisif dans la réussite d’une démarche de prévention est l’implication de l’ensemble des personnels, qu’ils soient techniques ou administratifs.
- D’une part, il est nécessaire de les sensibiliser et de les informer sur les risques auxquels ils peuvent être exposés lors de leurs activités professionnelles.
- D’autre part, les personnels doivent être formés au respect des consignes et à l’utilisation des équipements de protection collective et individuelle mis à leur disposition.
Les sessions d’information et de formation doivent être renouvelées périodiquement et à chaque modification des tâches ou procédés mis en œuvre.