Les Accidents avec Exposition au Sang (AES)
Définition
Le sang, ainsi que d’autres fluides ou tissus humains, peut contenir de nombreux agents biologiques différents (bactéries, virus, champignons, parasites…). Le risque de contamination est donc majeur en cas de contact sur une blessure ou de projection sur une muqueuse sensible (œil, bouche).
La notion d’accident avec exposition au sang (AES) apparaît dans les années 1980, après le premier cas de contamination recensé d’un personnel de santé, suite à une piqûre avec une aiguille utilisée pour une patiente atteinte du SIDA.
Un AES est défini comme toute projection de produit biologique d’origine humaine (ou simienne) sur une peau lésée (piqûre, coupure, eczéma, blessure…) ou sur une muqueuse (yeux, bouche).
La salive n’est pas considérée comme potentiellement infectieuse. Le contact avec la salive d’un patient sera néanmoins déclaré comme un AES dans les 2 cas suivants :
- Au cours d’interventions effectuées dans la bouche d’une personne (soins dentaires et chirurgie buccale) car la salive contient alors du sang,
- À l’occasion d’une morsure dans le cas de l’hépatite B.
La contamination d’une muqueuse par un crachat n’entre pas dans le cadre d’un AES, à moins que la salive ne soit visiblement teintée de sang.
Les maladies les plus courantes transmissibles par exposition au sang sont le SIDA, l’hépatite B, et l’hépatite C (respectivement transmis par les virus VIH, VHB et VHC). Il a été également reporté la transmission d’autres pathologies telles qu’Ebola, West Nile, Dengue, Chikungunya…
Conduite à tenir en cas d’AES
En cas d’accident avec exposition au sang, la conduite à tenir se décline en 4 grandes étapes :
1) Effectuer les premiers soins d’urgence
En cas de coupure ou de piqûre de la peau :
Après piqûre, coupure ou projection sur une peau lésée (plaie, eczéma), le réseau de Prévention des Infections Associées aux Soins (Répias) préconise de :
- Laver immédiatement au savon pendant 5 minutes.
- Rincer abondamment à l’eau courante.
- Désinfecter avec du Dakin, de de la Bétadine dermique ou de l’alcool à 70°.
- Ne jamais faire saigner la plaie.
En cas de projection sur une muqueuse ou dans les yeux :
En cas de projection dans l’œil, la préconisation Répias est de rincez à l’eau ou au sérum physiologique pendant au moins 5 minutes.
Dans tous les cas, une consultation médicale est nécessaire au mieux dans les 4h suivant l’accident et au plus tard dans 48h suivant l’exposition ainsi qu’une déclaration d’accident du travail.
Pour une exposition dans la bouche, la recommandation est de rincer à l’eau ou au sérum physiologique pendant au moins 5 minutes. Dans certains cas, il sera également mis à disposition des utilisateurs de la Bétadine® bain de bouche 10% (flacon vert).
2) Évaluer le risque infectieux (dans l’heure)
Dans l’heure qui suit l’exposition, si cela est possible, il est important de récupérer le statut sérologique (VIH, VHB, VHC) du patient source.
Si le patient est présent, il est possible de lui prélever un échantillon sanguin avec son accord, ou de consulter son dossier médical, à condition que les résultats sérologiques datent de moins de 7 jours.
En cas de refus du patient, ou si le statut sérologique est impossible à obtenir (échantillon en laboratoire de recherche, etc.), alors, il faut considérer le patient ou l’échantillon comme potentiellement contaminé.
3) Prendre un avis médical dans les 4h, et au plus tard dans les 48h suivant l’exposition
Il est nécessaire de contacter au plus tôt le médecin référent AES de l’établissement, ou bien de se rendre au service des urgences le plus proche.
Le risque infectieux dépend de la gravité de l’AES, du statut sérologique du patient et de la situation vaccinale de la personne exposée. En fonction de ces éléments, le médecin mettra en route un traitement post-exposition adaptée, au mieux dans les 4h pour une efficacité optimale.
4) Effectuer les déclaration dans les 24h
Les modalités pratiques variant d’un établissement à l’autre, il est nécessaire de s’informer auprès du médecin du travail pour connaître les recommandations appropriées à la situation.
Attention : il s’agit de recommandations générales. En cas de risque d’AES dans le cadre de votre activité, rapprochez-vous de votre service SST afin de connaître les protocoles mis en place au sein de votre établissement.
Prévention et précautions standard
En prévention, tout patient ou échantillon est considéré comme potentiellement porteur d’un agent biologique pathogène. Les personnels doivent donc se protéger systématiquement avant tout geste susceptible de les mettre en contact avec des liquides biologiques.
Le port d’équipements de protection individuelle permet de diminuer le risque d’AES en cas de projection de produits d’origine humaine ou de contact rapproché avec le patient : masque chirurgical, lunettes ou visière de protection, blouse (surblouse ou tablier) et gants à usage unique.
Les objets piquants, tranchants ou perforants, souillés de matières biologiques, doivent être manipulés avec précaution : le risque AES est à son maximum !
Certaines règles permettent de prévenir les risques :
• Éliminer immédiatement les objets piquants, tranchants ou perforants souillés dans le container DASRI à proximité.
• Ne jamais recapuchonner les aiguilles qui viennent d’être utilisées.
• Ne jamais désadapter à la main les aiguilles des seringues ou des systèmes de prélèvements sous vide.
• Nettoyer immédiatement les matériels souillés, ainsi que les surfaces.
Quelques statistiques
Une action nationale de collecte de données (AES Raisin) sur les AES dans les établissements de santé a permis de déterminer les circonstances précises de survenue des accidents et d’orienter les stratégies de prévention.
Selon cette étude nationale (dernières données de 2015) :
- 14 624 AES ont été déclarés dans 825 établissements de santé.
- 4,7 AES pour 100 infirmiers diplômés d’État
- les piqûres sont la cause majeure d’accident d’exposition au sang. 2/3 d’entre elles sont dues à la manipulation d’aiguilles.
Notons que l’activité de soins en secteur libéral expose également les soignants à un risque d’accident d’exposition au sang : 62% des IDE libéraux déclarent avoir déjà été victimes d’un AES au cours de leur carrière.
Les actions locales d’organisation, l’évolution des matériels utilisés (aiguilles de prélèvement sous vide…), et l’attention portée au risque AES, notamment par la formation, permettent de réduire la fréquence de ces accidents.
Bibliographie
Ces informations sont extraites des modules et parcours de formation proposés par Kaptitude.